Le rugby féminin français s’apprête à vivre une saison charnière. Deux semaines après une Coupe du monde historique en Angleterre, l’AXA Élite 1 débute ce samedi 12 octobre avec une ambition claire : transformer l’enthousiasme mondial en croissance durable.
Ce nouvel élan pourrait marquer une bascule dans l’histoire du championnat.
A retenir :
- Une Coupe du monde féminine record avec plus de 444 000 spectateurs
- Un championnat français rebaptisé AXA Élite 1
- Des objectifs ambitieux de professionnalisation
- Des défis structurels persistants malgré la croissance
Un élan mondial sans précédent
Le succès de la Coupe du monde féminine 2025 dépasse toutes les attentes. Avec 444 465 billets vendus et une finale jouée devant 81 885 spectateurs à Twickenham, le tournoi a redéfini les standards de visibilité pour le rugby féminin. Selon World Rugby, cette édition est celle « qui a fait passer la discipline dans une autre dimension ».
En France, l’impact a été spectaculaire. Le quart de finale contre l’Irlande a réuni 3,4 millions de téléspectateurs sur TF1, avec des pics à 4,6 millions. La demi-finale contre l’Angleterre a même dépassé 3,8 millions. Ce niveau d’audience place le rugby féminin parmi les événements sportifs les plus suivis de l’année.
L’AXA Élite 1 ouvre un nouveau chapitre
Pour prolonger cet élan, le championnat d’Élite 1 franchit une étape inédite avec l’arrivée d’AXA comme partenaire titre pour trois saisons. Ce premier naming dans l’histoire du rugby féminin français marque une avancée stratégique majeure. Selon Sporsora, AXA souhaite « accélérer la professionnalisation et la visibilité ».
Le format reste identique : une poule unique à dix clubs. Le Stade Bordelais, tenant du titre, part favori face à Toulouse, Blagnac, Clermont et Toulon, nouveau promu. Le remake de la finale 2025 entre Bordeaux et Toulouse en ouverture, diffusé sur Canal+, symbolise cette montée en puissance.
| Club | Ville | Statut 2025 | Objectif |
|---|---|---|---|
| Stade Bordelais | Bordeaux | Champion | Conservation du titre |
| Stade Toulousain | Toulouse | Finaliste | Titre |
| Blagnac | Blagnac | Top 4 | Demi-finales |
| ASM Romagnat | Clermont | Expérimenté | Top 5 |
| Toulon | Toulon | Promu | Maintien |
Une professionnalisation en marche forcée
La Fédération française de rugby a fixé une feuille de route ambitieuse : faire passer le nombre de joueuses professionnelles ou semi-professionnelles de 30 à 400 en quelques années. Les budgets des clubs doivent atteindre 1,8 à 2 millions d’euros, contre une moyenne actuelle de 400 000 à 800 000 euros.
Selon le président Florian Grill, cette évolution est « indispensable pour maintenir la dynamique enclenchée par le Mondial ». Aujourd’hui, 52 689 licenciées pratiquent le rugby féminin en France, contre 311 681 chez les hommes, mais le taux de croissance des femmes atteint 94 % en six ans.
Témoignage :
« Nous avons connu un engouement incroyable pendant la Coupe du monde. Mais si les structures ne suivent pas, cet élan risque de retomber. »
Anonyme
Les défis persistants de la médiatisation
La médiatisation constitue le nerf de la guerre. Canal+ maintient son dispositif de diffusion, garantissant au moins une retransmission par club cette saison. L’an passé, seules cinq affiches avaient été mises en avant. Le format “double affiche” (match féminin précédant un match de Top 14 masculin) a montré son efficacité pour attirer le public.
Mais sur le terrain, les infrastructures accusent un net retard. Joanna Grisez, championne avec Bordeaux, décrit une salle de musculation de 25 m² sous les gradins. Un symbole parlant. Le décalage entre visibilité médiatique et réalité logistique reste un obstacle majeur.
Liste des principaux freins à lever :
- Infrastructures sportives sous-dimensionnées
- Manque de contrats professionnels
- Faible couverture médiatique hors grands événements
Un contexte international favorable
Le rugby féminin bénéficie d’une stratégie mondiale structurée. World Rugby investira 9 millions d’euros dans les WXV Global Series dès 2026, une compétition réunissant les 18 meilleures nations. Parallèlement, le programme « Impact Beyond 2025 » fixe trois priorités : participation, égalité et expertise.
Selon Michel Poussau, directeur de World Rugby, « ce plan vise à garantir que le succès du Mondial 2025 ne soit pas un feu de paille ». Pour l’AXA Élite 1, cette conjoncture internationale constitue une rampe de lancement unique.
Un moment décisif pour l’avenir du rugby féminin
La saison 2025-2026 de l’AXA Élite 1 s’ouvre dans un contexte exceptionnel. Audience record, sponsors engagés, ambitions structurelles : tous les voyants sont au vert. Mais la réussite dépendra de la capacité à traduire cette dynamique en changements concrets sur le terrain et dans les clubs.
Et vous, que pensez-vous de cette évolution ? Partagez votre avis dans les commentaires et enrichissez le débat.